SANS DESTINATION FINALE
// 2017-2018
Campagne de sensibilisation - Samu Social de Paris
https://larueavecelles.samusocial.paris
Pascaline était livreuse dans une caserne militaire en Côte d’Ivoire. Durant la guerre en 2011, elle perd tout, seuls son fils et sa soeur sont encore vivant et comptent sur elle comme soutien financier. En 2016, elle dépense ses économies, s'envole pour Paris pour tenter de changer la vie des siens. Rapidement elle se retrouve exploitée, sans argent, sans domicile et trouve refuge à la Halte (Accueil de jour d’urgence pour les femmes en situation d’exclusion). Elle découvre à nouveau un semblant de famille, de la bienveillance après ces quelques mois d’errance dans les rues de Paris. A 43 ans, elle est aujourd'hui diabétique et prend un traitement quotidien.
La Halte, c'est un peu comme une "maison", on y prend un petit déjeuner, on y lit, regarde la télé, on s'y repose... c'est un moment de trêve dans ces journées éprouvantes. Durant le jour Pascaline arpente les rues de Paris et se fond dans la masse anonyme des parisiens, mais doit aussi honorer des rendez-vous auxquels elle ne peut déroger. Toute la matinée, elle essaye de joindre le 115 pour avoir une place dans un hôtel, le plus souvent c'est négatif, elle arrive juste à avoir une ou deux nuits toutes les trois semaines en moyenne. A 12h30, elle doit se trouver au restaurant social du 5eme, munie de sa carte pour rentrer déjeuner. 15h, elle doit être à la Villette, pour éspérer prendre le bus de la BAPSA (brigade d' assistance aux personnes sans-abri ) qui la mènera au CHAPSA (Centre d'hébergement d'urgence). Elle n'est pas certaine de monter dans le bus, car la sélection se fait directement aux portes du bus, par les policiers. Les personnes âgées, les handicapés sont prioritaires, alors pour les sans abris qui attendent sur le trottoir, c'est plus aléatoire. Ils disent que les policiers "ont leurs têtes"
Le bus ne prend que 35 femmes dans un premier voyage, puis 35 autres dans un second à 17h, ainsi qu'autant d'hommes.
A l'intérieur, un autre enfer commence : celui de la proximité avec les hommes, qui en profitent parfois pour s'adonner à des attouchements sur les femmes.
"Même les bêtes sont mieux traitées ... !". Pendant environ une heure, debout et sans air conditionné, ils sont entassés derrière une vitre, qui les sépare des policiers pour se rendre au CHAPSA de Nanterre. Là encore, il faut se dépêcher, donner son nom pour avoir son lit. Ils sont tous mélangés, qu'ils soient là de façon temporaire ou en situation de précarité temporaire depuis des années : quelque soit leurs origines, leurs pathologies... dans ce melting-pot explosif, des pathologies psychiatriques côtoient les addictions et autres blessures. "c'est à se demander s'ils ne veulent pas nous rendre fous... pourquoi nous mélanger comme ça, la nuit on a peur qu'il nous arrive quelque chose. Il y'a des gens fous ici !".